Art & science à l’épreuve du paysage / Art & science to the test of landscape. Le palmier dans l’art contemporain
« La question des relations qu’entretiennent l’art et la science se pose de façon singulière dès que l’on s’intéresse au paysage. Ce dernier étant un objet hybride, fait de nature et de culture …/… loin d’en appeler à une simple articulation de l’art et de la science, ou au dépassement de cette opposition …/… le paysage nous met au défi de repenser l’organisation des sciences relatives au paysage et, au-delà, la configuration des champs du savoir héritée du XIXe siècle. » Source: Catherine Chomarat-Ruiz (2010) projetsdepaysage
PALM LANDSCAPE & MONDIALISATION. Les rapports complexes qu’entretiennent les arts et les sciences apparaissent plus particulièrement dans la genèse des paysages « exotisants » qui ont envahi notre quotidien. Leur histoire est en effet au confluent de la peinture antiquisante de la Renaissance (ainsi que de sous genres picturaux comme la peinture orientaliste, l’aquarelle, l’affiche ou encore la carte postale) et des premiers développements des sciences modernes (notamment la botanique, la géographie et l’ethnologie, sous l’impact des grands voyages d’exploration et par la suite du colonialisme). De Miami à Los Angeles, en passant par les scènes artistiques de Paris et de la Riviera franco-italienne, cette rétrospective (en date de 2017) traite du palmier comme emblème et victime de la mondialisation dans l’art contemporain.
Version complète en ligne: https://www.facebook.com/events/
*Colonialisme & globalisation. L’exotisme paysager prend forme au 19° siècle, dans le cadre de la villégiature touristique azuréenne et de ses jardins d’agrément. Ces jardins présentent alors une variété relativement importante de plantes, dont la promotion des premières stations nous a laissé un inventaire documenté (et que plusieurs jardins botaniques ont maintenu jusqu’à nos jours). C’est après la seconde guerre mondiale que ces paysages se standardisent, avec l’émergence de la villégiature américaine, sur fonds de néo-colonialisme et de naissance de la société des loisirs.
*Jean-Max Colard: Pourquoi tant de palmiers dans l’art ? Comme l’écrivait l’historien de l’art Jean-Max Colard « kitsch à Miami, exotique à Cannes où il donne à la Croisette un faux air d’Hollywood, signe d’une uniformisation croissante du paysage urbain et du climat réchauffé de la planète, le palmier se trouve aujourd’hui déplacé, transplanté en tous sens: dénaturé. S’il fut porteur d’un rêve d’évasion moderne, il paraît aujourd’hui entaché de colonialisme. Crevant sur place [attaqué par un ravageur introduit par un commerce dérégulé], il est une victime anodine, une figure agonisante de la globalisation. »
*Sigmar Polke: Das Palmen Bild. « Icône de la période pop de l’artiste, ce tableau en résume les caractéristiques : un tissu à rayures remplaçant de manière iconoclaste la classique toile blanche, et son motif peint, deux palmiers émergeant d’une dune, symbole d’un exotisme de pacotille. Pied de nez adressé aux tenants de la peinture sérieuse, il l’est aussi à la société des loisirs naissante. » Une société où les paysages de palmiers vont accompagner les nouvelles destinations du tourisme de masse.
*David Hockney: Swimming pools. Chez David Hockney, les palmiers prennent place pour l’essentiel dans la série des piscines des villas californiennes réalisée dans les années 60 et 70. Dans ces œuvres, Hockney s’attache déjà à maitriser les codes de la photographie. « Je suis persuadé que la photographie nous a causé du tort. Elle nous a conduit à regarder le monde d’une seule et même façon, plutôt ennuyeuse. […] Nous vivons à une époque où une grande quantité des images réalisées n’ont pas pour ambition d’être considérées comme des œuvres d’art. Leurs auteurs revendiquent quelque chose de beaucoup plus douteux : ils disent qu’elles sont la réalité. »
*Edward Ruscha: A few palm trees. C’est au tournant des années 70, que le plasticien Ed Ruscha s’attache à individualiser les éléments végétaux qui composent les nouveaux paysages californiens. « The subjects catalogued in ‘Colored people’ and ‘A few palm trees’ are natural forms; cacti and palm trees respectively. In both cases, these forms are divorced and detached from their environment. Each cactus and palm tree is uprooted and groundless, floating in the white expanse of the page. Within this context they have been reduced to an aesthetic category. »
*Adrien Missika: A Dying Generation. La série intitulée « A Dying Generation » montre une typologie de palmiers photographiés en noir et blanc, les premiers plantés à Los Angeles dans les années 30, en plein boom d’Hollywood. D’une durée de vie d’environ 70 à 80 ans, ils sont en train de disparaître, et avec eux, tout le symbole d’une génération dorée et de l’imagerie qui va avec. Ed Ruscha les avait également photographiés au moment de leur apogée en 1971, et publiés dans « A Few Palm Trees ».
*Glen Rubsamen: Rhynchophorus ferrugineus. Intitulé Rhynchophorus ferrugineus le livre récent de Glen Rubsamen & Caroline Soyez-Petithomme est une extension de son corpus d’œuvres photographiques. Il évoque ce ravageur des palmiers, plus connu sous le nom de Red Palm Weevil ou charançon rouge (punteruolo rosso en Italie), un insecte d’origine asiatique qui s’est déplacé rapidement vers l’ouest au cours du siècle dernier, aidé par la technologie et le globalisme. Un retour en force de la nature qui annonce la longue décadence à venir de nos paysages.
*Cyprien Gaillard: Indian Palm Study. Dans cette exposition du Centre Pompidou, intitulée Paris-Delhi-Bombay, Cyprien Gaillard montrait deux séries de Polaroid avec des détails de palmiers sur fond d’architecture moderniste. « Cyprien Gaillard représente l’architecture contemporaine comme une ruine moderne sur le point d’être envahie par la nature. En cela, il applique métaphoriquement le précepte de Diderot selon lequel «Il faut ruiner un palais pour en faire un objet d’intérêt.», comme le peintre ruiniste Hubert ROBERT le fit avec le Louvre au XVIIIème siècle…/… »
*Evan Holloway: Plants and Lamps, 2015. The bizarre botanical history of palm trees in Los Angeles is hardly a secret. In 1931, an ornamental planting frenzy introduced more than 25,000 imported tropical trees to the Southern California landscape. LA resident Evan Holloway presents the charm of the palm as both alluring and fake. His Plants and Lamps (2015), a sculptural installation carried connotations of a distorted Californian ideology – the paradox of neoliberalism that begs for biodiversity and sustainability, yet feeds from an artificial, polluting light.
*Laurent Perbos: Floride, 2016. « Le titre Floride se réfère à l’iconographie d’un univers en technicolor, un théâtre aux décors de carton pâte, un monde de faux semblant où les marbres sont devenus plâtres, les pierres précieuses du plastique et le jardin des Hespérides des plantes vertes de chez Jardiland. C’est bien la déchéance d’un monde avili par la contemporanéité que Floride évoque. Une sorte de tragédie grecque où la dramaturgie sonne faux… Une nouvelle beauté contemporaine, qu’il vaut mieux ne pas déplorer mais plutôt apprendre à regarder. »
*Meryl Pataky’s: Traveling Palm Tree Project. Neon palm trees and Miami go together like a fine wine and a good cigar, so it’s fitting that Meryl Pataky teamed up with Perrier to present « Played Out » – a neon palm tree installation for Art Basel. While twenty sculptures in various combinations of vibrant hues were on display for the contemporary art fair, one battery powered palm tree traveled the streets (and beaches) of the metropolitan city. The project, aptly titled « Traveling Palm Tree », created a lot of buzz among art lovers and Miamians alike during its tour.
*Laure Prouvost: A Way to Leak, Lick, Leek, 2016. For artists who spend time in Los Angeles, the need to confront the palm tree cliché is inevitable, a way to question the way the city has been constructed and the way it continues to be perceived. Following her residency in Los Angeles last year, Laure Prouvost’s installation at Fahrenheit drew out the darker roots of the flora and fauna of Los Angeles. In this 360-degree installation (inspired by the surroundings and substances she encountered while in the city), the plants created a post-apocalyptic atmosphere, sinister and plastic, overbearing rather than protective.
*Collectif Culbuto: Culbuto palm tree, 2015. Le collectif d’artistes en résidence dans la Galerie niçoise La Station, a réalisé cette œuvre évolutive en transformant un palmier Washingtonia de 7 à 8 mètres de hauteur en jouet pour enfants. Le Culbuto est un jouet traditionnel, dont la base arrondie est lestée de sorte que, même si le jouet est frappé ou renversé, il se redresse toujours et revient à la verticale en oscillant.
*Anselm Kiefer, Maison VII palmsonntag. Dans la maison VII Palmsonntag, (Dimanche des rameaux), Anselm Kiefer reprend le motif religieux du dimanche des rameaux et réinvestit cette fête marquant l’entrée du Christ à Jérusalem. Le contraste entre cette entrée triomphale et le calvaire à venir est retranscrit par le jeu avec des feuilles de palmiers trempées dans du plâtre, ce gigantesque herbier de gloire s’opposant à l’immense palmier mort couché au sol.
*Operativa Arte Contemporanea: A Project Space. Tout a commencé en 1995, avec l’exposition « Les Palmiers entre Art et Science » du Jardin botanique de Palerme. En 1998, avec des dons de nombreux artistes, se forme le noyau de cette collection axée sur les palmiers. Operativa Arte Contemporanea, avec le soutien de L’A Project Space de Palerme, a récemment repris le projet en impliquant plus de jeunes artistes et en élargissant encore la collection.
*Maria Dompe: Giardino d’Irene & Land Art. Hommage à une galeriste italienne de l’après-guerre, ce parcours initiatique nous conduit des oliviers séculaires du jardin méditerranéen à la palmeraie historique de cette ville italienne, revisitée dans une optique proche du Land Art, un courant artistique peu représenté sur la Côte d’Azur.
*Henrik Hakansson: Untitled (Cocos Nucifera), 2006. Swedish artist Henrik Håkansson’s most recent works, such as Untitled here at the KMA, are created to invite viewers to be observers, to come in closer. As it stretches towards us and the light, we have an opportunity to see a 12-foot palm from a perspective most often reserved for the birds. We can move about it freely and admire the symmetry of the palm fronds, perhaps contrasting them to the branches in Graham’s photograph across the room.
*Mel Chin: The Manila Palm, 1978. Manilla Palm is is a full-scale artificial palm tree erupting out of a metal pyramid with cracks that map the White Nile and Blue Nile rivers. Mel Chin’s work transforms these basic materials into magical symbols. His plan was to create an oasis in a grandiose fashion, representing how booming Houston was at the time and the city’s developing grandiose architecture like the Astrodome – which Chin likened to the Coliseum in Rome. In September 1988, the sculpture was removed for renovation – to update materials that were weathering in the Houston heat. When the pyramid was removed, museum staff discovered that the inside was furnished with a cot, table, lamp, foot stool and carpeting. They also found magazines and literature from the 1978 presidential election. Chin said he put nothing inside. When recently asked about it, the artist said “All I can say is that someone set up camp within the pyramid for a while, with carpeting and a small table and some cookware. This added to the lore of the piece.”
*Justin Randolph Thompson: Maybe it Runs in the Family. Maybe it Runs in the Family is an installation drawing its title from ancestry databases. The Palm leaf and tree in European art history and the family tree as a demonstration of nobility are re-contextualized through culturally loaded materials.
*Daniel Schüßler (G): Pythagoras Palm, 2015. « Le point d’orgue de mon travail est la création d’un nouvel espace, un nouveau monde né de projections intimes issues de ma propre vision. Il est donc basé en partie sur des images réalistes, des observations quotidiennes et des territoires spécifiques. En découle une scène concrète fortement impactée par le paysage, l’espace et le mobilier. »
*Koralie: Street Art 2015.
Version complète en ligne: https://www.facebook.com/events/